Très discret, le pseudoscorpion (Chelifer cancroïdes) est rarement observé par l’apiculteur. Il contribue pourtant modestement à lutter contre le varroa dans les ruches, notamment pour les colonies sauvages non traitées.
Il existe au cœur de nos ruches une créature minuscule qui vit en harmonie avec nos abeilles : il s’agit du pseudoscorpion, un tout petit arthropode semblable à un scorpion. Il possède une paire de pinces à l’avant du corps, mais contrairement à ce dernier, il ne porte pas de queue avec un aiguillon venimeux, ce qui en fait un groupe à part entière au sein des Arachnides. On dénombrerait pas moins de 760 espèces décrites en Europe et plusieurs milliers à travers le monde. Parmi elles, une douzaine est répertoriée comme vivant avec les colonies d’abeilles.
Le scorpion des livres
La plus commune dans nos ruches porte le nom de Chelifer cancroïdes , ou « le scorpion des livres » (Book Scorpion en anglais). Cette espèce cosmopolite se développe principalement dans les souches d’arbres et la litière forestière. Ce pseudoscorpion se nourrit de collemboles, de larves d’insectes mais aussi d’acariens. Après les avoir paralysés à l’aide de ses glandes à venin situées sur ses pinces, il leur injecte des enzymes prédigestives dans le corps.
Bien qu’il n’ait pas d’ailes, Pseudoscorpion peut parcourir des distances gigantesques en s’accrochant au corps d’un insecte volant. Ainsi, il peut aisément terminer son voyage au sein d’une ruche. À l’intérieur, il habite et se reproduit dans les fissures et les petites cavités des parois, des cadres et du couvre-cadre. La reproduction se déroule comme chez les scorpions. Le mâle dépose un spermatophore sur lequel il vient traîner la femelle à l’aide des ses pinces. La mise en contact des voies génitales de celle-ci permettra au sperme d’y pénétrer par capillarité. Cette dernière portera ses œufs dans une poche incubatrice ventrale, desquels naîtront une douzaine de petits qui iront se loger sur le dos de leur mère.
Les adultes peuvent vivre jusqu’à 3 ans et passent l’hiver à l’abri dans un cocon de soie. Dans la ruche, Chelifer cancroïdes se nourrit principalement de Varroa destructor et n’a pas peur d’aller le chercher sur le dos des abeilles, ce qui en fait un véritable allié pour l’apiculteur. D’après certaines études, il participerait en partie à maintenir un taux de varroa suffisamment bas pour la survie des colonies sauvages.
Cette créature reste difficile à observer dans nos ruches pour plusieurs raisons : d’abord, appartenant à la même classe des Arachnides que le varroa, leurs caractéristiques physiologiques les rendent pareillement sensibles aux acaricides ce qui contribue à sa raréfaction dans nos ruchers. De plus, la ruche à parois plastifiées n’est pas idéale pour son développement, car il préfère le bois et ses aspérités. Enfin, sa taille et sa discrétion parmi les abeilles lui permet bien souvent de passer inaperçu. Alors ouvrez l’œil lors de votre prochaine visite au rucher !