Si mal connu, si mal aimé, le lierre est un vrai trésor pour la biodiversité. Rappelons-nous l’automne 2021 pour constater combien il a été généreux pour nos abeilles avec son nectar abondant qui a permis de renflouer les stocks de miel après un printemps et un été de disette.
Mais quel étrange végétal ! Il ne fleurit ni ne fructifie au même moment que tous les autres végétaux de nos régions. On ne sait pas si c’est un arbre ou une liane ? S’il est seul ou plusieurs ?
Une ancienne plante tropicale
La famille des Araliacées dont fait partie le lierre comporte environ 1500 espèces mais il n’en existe qu’une seule espèce sauvage en Europe : Hedera helix. De nos jours, on le désigne comme une liane arbustive. Il peut atteindre jusqu’à 30 mètres et vivre plusieurs centaines d’années.
Le lierre, présent sur Terre depuis des millions d’années, s’est développé à la faveur de températures tropicales, puis s’est adapté aux refroidissements climatiques et continue à nous côtoyer, sans avoir changé ses habitudes de floraison, en septembre. Il fournit ainsi ses baies mûres en fin d’hiver, pour le plus grand plaisir des oiseaux qui ne trouvent plus d’autres fruits à se mettre sous le bec.
Jeunesse à géométrie variable
Pendant plusieurs années, il est capable de parcourir à terre des distances incroyables pour trouver enfin un support (arbre, poteau, mur…) qui lui permettra de s’élever vers la lumière. A partir de ce moment là, la forme de ses feuilles à 3 ou 5 lobes va se transformer pour devenir plus ovale et il pourra enfin fleurir et fructifier. Il devient adulte.
Le lierre a son propre système de racines qui se fixent au sol grâce aux rameaux rampants. Il n’a donc pas besoin de l’arbre pour se nourrir, ce n’est pas un parasite. En grimpant, ces racines vont se transformer en crampons, constitués de poils et de glu qui lui permettront d’adhérer à son support. Des études ont montré que la croissance de l’arbre support n’est absolument pas entravée par la présence du lierre, voire même qu’un arbre accompagné d’un lierre est en meilleure santé. Il le protège de la chaleur, des intempéries, et grâce à la perte d’une partie de ses feuilles qui se renouvellent tous les 3 ans, nourrit le sol.
Son pollen très abondant est riche en protéines, lipides, sels minéraux et vitamines qui permettront de nourrir les larves des abeilles d’hiver, mais aussi la collète du lierre, jolie abeille sauvage.
Son nectar, riche en glucides est facile à récolter mais il peut cristalliser très rapidement.
Le lierre est utilisé comme plante médicinale, que ce soit avec ses feuilles, ses fruits ou sa gomme, et aussi comme lessive grâce à ses feuilles. Cessons dès maintenant de le qualifier de « bourreau des arbres » et admirons les sculptures ébouriffées qu’il dessine !
Pour en savoir plus, reportez-vous au livre de Bernard Bertrand : Au royaume secret du lierre…