Faire des essaims artificiels à partir de paquet d’abeilles, après la miellée de châtaignier


Auteur : Michel SECOND et Alain BODOY

La multiplication du cheptel par le prélèvement de paquets d’abeilles dans lesquels on introduit une reine fécondée est une technique accessible à tous et dont le taux de réussite est élevé. Michel Second nous décrit en détail sa technique

Que ce soit pour agrandir son cheptel ou pour le reconstituer après les pertes hivernales, l’apiculteur d’aujourd’hui se doit de maîtriser les différentes techniques permettant de produire des essaims, à partir de ses propres colonies. Pour cela, on peut procéder à des divisions, à partir de ruches bien développées, selon différents procédés présentés dans les cours du Syndicat et dans différents ouvrages d’apiculture. Ces interventions se font généralement durant le printemps, lorsque la ponte de la reine est au plus fort, stimulée par les miellées. Mais les colonies aux dépens desquelles s’effectuent ces divisions, en sont affaiblies en nombre d’abeilles, et ne pourront pas produire la récolte espérée.

L’achat de reines fécondées sélectionnées permet de maîtriser la génétique de ses colonies.

Beaucoup d’abeilles dans les ruches

Il existe cependant une autre technique qui présente quelques avantages notables, notamment en termes de vigueur des essaims ainsi constitués. Il s’agit de la production de paquets d’abeilles. L’avantage de cette technique est qu’elle peut être employée après la miellée du châtaignier, vers mi-juillet. A cette période, les ruches débordent d’abeilles et n’ont plus grand-chose à faire, sauf si la miellée de sapin est au rendez-vous.

La technique du paquet d’abeilles avec introduction d’une reine fécondée est intéressante car elle réussit pratiquement à 100% les abeilles n’ayant pas la possibilité de lancer un élevage. Cependant il peut arriver, mais c’est rare, que la reine soit tolérée, commence sa ponte, et ensuite soit supprimée par les abeilles, qui alors lancent un élevage, comme ce sont elles qui l’auront élevée, ce sera leur reine… Voici comment je procède. Pour chaque essaim, je prépare une ruche Dadant 10 cadres, dite receveuse. Je prélève 6 cadres, sans les abeilles, dans des ruches de production, à raison de un ou deux cadres par ruche. Des partitions sont placées dans ces ruches de production, ce qui permettra de les hiverner sur 8 ou 9 cadres. Les 6 cadres sont placés dans la ruche préparée avec une partition, j’installe la reine dans sa cage d’expédition entre les cadres, dès sa réception. Puis, pour ceux qui ont des ruchers de transhumance, on se rend au rucher de châtaigniers, avec cette ruche ainsi préparée. Là, les ruches ont le corps de production séparé des hausses par une grille à reine. La récolte n’est pas encore faite, mais elle peut être effectuée juste après. Question d’organisation !

Sur la ruche receveuse, il faut installer un entonnoir, permettant de collecter les abeilles. Cet entonnoir est visible sur la photo et peut être aisément fabriqué.

Prélever 1,5 à 2 kilos d’abeilles

Un «entonnoir» maison et une balance permettent à Michel de constituer facilement ses paquets d’abeilles.

On prélève les cadres d’une hausse, sur une ruche de production et on secoue le plus gros des abeilles dans l’entonnoir, placé sur la ruche receveuse. Combien d’abeilles prélever ? Il faut placer la ruche receveuse sur une balance, qui possède une fonction « tare » c’est plus pratique. On secoue le nombre de cadres de hausse suffisants pour avoir des essaims de 1,5 à 2 kg. On peut, bien sûr, prendre des abeilles provenant de différentes ruches de production, en les mélangeant sans problème.

Ensuite la ruche receveuse est fermée, l’essaim est ramené. Il est conservé pendant deux nuits dans un endroit frais et calme (sous-sol, cave, garage…). Il faut nourrir un peu pendant cette période, ce qui calme les abeilles, et facilite l’acceptation.

De multiples avantages

Après ces deux nuits, la ruche receveuse est ramenée sur son emplacement définitif. Il faut nourrir convenablement, ce qui permet d’obtenir 6 cadres de couvain, même en plein été. La ruche sera hivernée sur 8 cadres avec partition, après ajout de 2 cadres de miel.

Premier avantage : au printemps suivant, ces essaims démarrent très rapidement, puisqu’ils ont une jeune reine sélectionnée. Ils sont largement aussi forts que les ruches de production hivernées, et n’auront coûté que le prix d’une reine sélectionnée (environ 30 euros).

Autre avantage : cette méthode induit une rupture totale de ponte, le temps que la jeune reine démarre une nouvelle ponte, ce qui élimine tous les varroas présents dans le couvain fermé. Il est alors facile, lorsqu’on amène la ruche receveuse sur son emplacement, de placer une lanière d’Apivar pour éliminer les varroas phorétiques (présents sur les abeilles adultes).

Enfin, on n’a pas compromis la production des ruches dans lesquelles on prélève des cadres, car la miellée est déjà faite au moment du prélèvement.

Cette technique ne comporte pas de difficultés majeures : pas de recherche de reine, pas d’examen des cadres à la recherche de larves juste écloses, pas de problème de production, pas de fécondation des reines et un taux de réussite très satisfaisant. Ce n’est pas pour rien qu’elle est si répandue aux Etats-Unis !

En conclusion, le prélèvement de paquets d’abeilles est donc accessible à tout apiculteur, ayant quelques colonies en production, sur du châtaignier ou sur toute autre ressource mellifère. Elle présente également un avantage important sur le plan sanitaire.

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