Une journée scientifique sur les virus des abeilles


Sujet complexe les virus des abeilles sont nombreux et peuvent causer des dégâts importants aux ruches. Une journée scientifique a eu lieu en mars pour faire le point sur ces virus

Cette journée était organisée par l’unité PraDE (Protection des Abeilles Dans l’Environnement), un regroupement d’acteurs de la recherche et de l’innovation qui organise des conférences de vulgarisation

Plus de 70 virus ont été identifiés chez les abeilles, a expliqué Anne Dalmon, de l’Inrae. En tête, le DWV (virus des ailes déformées), et le BQCV (cellule royale noire), plus de 80% des abeilles infectées. Le CBPV est en augmentation, avec 5 à 10 % de présence.

Au-delà des symptômes visibles, les virus ont également des effets sublétaux, sur la capacité d’apprentissage, sur la durée de vie des butineuses, et entraînent une sensibilité accrue à d’autres sources de stress (pesticides…).

L’effet des virus dépend de la charge virale, a précisé Eric Dubois, chercheur au laboratoire national de référence sur les pathologies des Abeilles (ANSES). Celle-ci est exprimée par un chiffre qui correspond au nombre de zéro après le chiffre «1»: 1000 particules correspondent à une charge de 3, et 1 milliard de particules correspondent à 9. Chez les abeilles, l’échelle va jusqu’à 13! On considère généralement que c’est de 8 à 13 qu’on observe des mortalités de plus en plus massives dans la colonie, associées à des troubles neurologiques.

Varroa et pesticides interagissent

Le Varroa est un déclencheur : s’il augmente, la charge virale du DWV augmente aussi, d’où la nécessité de traiter suffisamment tôt, pour maintenir la charge virale en dessous du seuil critique. Une ressource en pollen, abondante et diversifiée entraînera une diminution de la prévalence du DWV.

On possède de nombreuses données sur les interactions entre virus et pesticides. Ainsi, en cas de BQCV, les mortalités augmentent considérablement en présence de thiachlopride. Les pesticides agissent comme des facilitateurs des maladies virales (en plus de leurs effets toxiques très puissants !). Des travaux récents sur la coexposition au DWV et au thiamethoxame, ont montré que 52 à 65 % des butineuses ne retournent pas à la ruche. La durée de vol est réduite, entraînant un butinage précoce, donc moins de nourrices et moins de couvain…

Plusieurs voies de transmission

Entre individus, la contamination se fait par des blessures (Varroa, trappe à pollen), par les voies digestives (pollen contaminé, trophallaxie, des nourrices aux larves) ou par contact. La transmission verticale s’effectue de la reine aux œufs, larves et nymphes. Une reine infectée contamine jusqu’à 1/3 des œufs. La solution ? changer souvent les reines.

Être vigilant dans la pratique

Quelques étapes critiques peuvent être identifiées : l’introduction d’une nouvelle reine, l’élevage de reine, le regroupement de colonies avec la colonie faible, voire le pillage d’une colonie faible. La dérive est à éviter, car il y a plus de virus chez ces abeilles qui sont chassées par les autres. Pour éviter ces facteurs de propagation, certains créent un rucher hôpital où sont regroupées les colonies faibles ou malades.

Le conférencier a insisté sur l’absence de traitement contre les virus. Le contrôle du Varroa reste l’objectif essentiel, associé à la diminution des stress. Il est conseillé d’enlever les trappes, d’évacuer les cadavres au cours de visites plus fréquentes, d’éviter la transmission par contact, et de nourrir suffisamment les colonies pour éviter un stress nutritif.