Race d’abeilles – Peser les avantages et inconvénients en fonction de ses objectifs


Selon le critère sur lequel l’apiculteur veut mettre l’accent, il peut choisir l’une ou l’autre des quatre principales races «pures», ou opter pour une abeille métissée.

Il existe plusieurs races d’abeilles qui se distinguent nettement par des différences de comportement et d’aspect physique. Cette différenciation a été possible grâce à un isolement de milliers d’années, résultant des périodes glaciaires qui ont repoussé les abeilles dans l’extrême sud de l’Europe, Espagne, Italie, Grèce et Turquie.

Nos races abeilles sont le résultat de la dernière période glaciaire, qui a duré 120 000 ans et s’est terminée en Europe il y a environ 8 000 ans.

Nous ne retiendrons que les quatre races principales d’origine : Apis mellifera mellifera (abeille noire), Apis mellifera ligustica (abeille italienne ou abeille jaune), Apis mellifera carnica (carnolienne) et Apis mellifera caucasica (abeille grise),

L’abeille dite «Buckfast» est une race d’abeille issue du croisement de plusieurs souches d’Apis mellifera, dont la méthode de création a été établie il y a plus d’un siècle par le Frère Adam, moine bénédictin à l’abbaye de Buckfast en Angleterre.

Chaque éleveur a sa lignée «Buckfast», qui est maintenant très éloignée de la sélection faite à l’origine par le frère Adam décédé en 1996. Travailler avec l’abeille Buckfast signifie avant tout que l’on travaille avec une abeille métisse plus ou moins stabilisée.

Abeille métisse : difficile à stabiliser

Dans les années 60, certains éleveurs vendaient des essaims constitués d’abeilles métisses, dont la reine était de race italienne et les mâles de race noire. Le résultat donnait des abeilles de bonne productivité, mais d’une agressivité exceptionnelle. J’ai vu les abeilles piquer à plus de 100 mètres des ruches dès qu’elles avaient été approchées.

De même, les premières reines «Buckfast» livrées en France se sont distinguées par ce comportement agressif.

La Buckfast est une abeille métisse issue de croisements de différentes races et sélectionnée par différents éleveurs. Elle est maintenant recherchée pour sa douceur, sa faible propension à l’essaimage et sa forte productivité. Mais ces qualités théoriques ne sont pas toujours au rendez-vous et ne sont reproductibles qu’en première génération.

D’après ce que j’ai pu observer, il n’y a pas chez nos éleveurs une «Buckfast» mais des «Buckfast». En eff et, essayer de stabiliser une race d’abeille métisse ne peut se faire que si à chaque génération de nouvelles reines, nous contrôlons parfaitement la pureté des deux géniteurs. Ceci suppose en fécondation naturelle que les souches sont parfaitement isolées de tout contact extérieur, ou que l’éleveur pratique l’insémination artificielle des reines.

APIS MELLIFERA LIGUSTICA (ABEILLE ITALIENNE OU ABEILLE JAUNE)
La couleur jaune avec quelques traces noires reste la particularité de cette abeille qu’il ne faut pas confondre avec les abeilles métisses, qui peuvent présenter les mêmes couleurs. Elle n’est pas agressive, sauf quand les mères ont été fécondées par des mâles de race noire. Elle est productive en miel, mais gère très mal ses réserves de provision en élevant trop de couvain hors saison avec le risque de mourir de faim. Elle est essaimeuse, sujette à la dérive et au pillage de ses voisines. C’est l’abeille idéale pour ceux qui pratiquent la vente d’essaim et la production de gelée royale

APIS MELLIFERA LIGUSTICA (ABEILLE ITALIENNE OU ABEILLE JAUNE) (Crédits Photos : ADITI THE STARGAZER)

Métissage et effet d’hétérosis

L’effet d’hétérosis se traduit par une augmentation des performances des abeilles métisses en première génération (hybride F1). Cet effet diminue par la suite dès la 2è génération. Élever des reines à partir de souches métisses peut se comparer à une loterie.

Pour obtenir un effet d’hétérosis maximum, il faut obtenir le croisement de deux races distinctes.

Que faire en pratique ?

Acheter des reines de race pure et élever sur cette sélection ?

Actuellement, nous trouvons à acheter des reines que l’on peut nous présenter comme de race pure. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas en fécondation naturelle. Des reines présentées de race noire ont engendré des ouvrières métissées noire/italienne (traces jaunes sur l’abdomen) ou noire/carnica (abeilles de couleur noire, mais détection du métissage par réalisation d’un indice cubital, technique détaillée ici).

En insémination artificielle, si l’éleveur est sérieux, nous ne devons pas avoir de problème avec ces races sélectionnées, mis à part le prix très élevé d’achat de la reine.

APIS MELLIFERA MELLIFERA (ABEILLE NOIRE)
Son corps trapu est entièrement noir. C’est l’abeille élevée par nos ancêtres. Elle est bien adaptée à notre climat et à notre fl ore. C’est une abeille rustique qui hiverne bien et présente une bonne résistance aux maladies. La grosseur de la grappe diminue pendant l’hiver, de sorte que ces abeilles consomment leurs réserves avec parcimonie. Elle a la réputation d’être quelquefois agressive, ce qui n’est pas le cas avec un minimum de sélection. On dit aussi qu’elle est essaimeuse. Il ne faut pas oublier que pendant des siècles, les apiculteurs renouvelaient leurs colonies par l’essaimage naturel et donc «sélectionnaient» inconsciemment les souches présentant cette caractéristique. Avec également un minimum de sélection et une conduite adaptée des colonies, il est possible en quelques années d’obtenir des souches peu essaimeuses. Malheureusement, l’Apis mellifera mellifera à l’état de race pure a pratiquement disparu de nos contrées. 

APIS MELLIFERA MELLIFERA (ABEILLE NOIRE) (Crédit Photos : J. FRENEY)

Élever sur des souches sélectionnées pour la pureté de la race et laisser les reines se faire féconder naturellement !

C’est ce que je pratique depuis plus d’une quarantaine d’années. Afi n de profi ter au maximum de l’eff et d’hétérosis, j’élève des reines de race noire contrôlée par évaluation d’un indice cubital, et je les fais féconder naturellement par les mâles de mon environnement, qui sont en majorité des métis.

Malheureusement, conserver des souches d’abeilles noires sans avoir recours à l’insémination artifi cielle est maintenant devenu presque impossible.

APIS MELLIFERA CARNICA (CARNOLIENNE)
C’est une abeille de couleur noire. Elle n’est pas agressive et se développe rapidement au printemps. Elle peut limiter sa ponte par exemple en période de sécheresse, mais la reprend rapidement dès que des conditions plus favorables se présentent. Elle peut produire beaucoup de miel. Par contre elle est très essaimeuse et pillarde. C’est une abeille à privilégier lorsque l’apiculteur veut profiter des premières miellées de printemps. 

APIS MELLIFERA CARNICA (CARNOLIENNE) (Crédits Photo: FRANK MIKLEY/CREATIVE COMMONS)

Acheter des reines «Buckfast» !

Ceci peut-être intéressant, si ces reines sont des métisses F1 et non des reines obtenues à partir de ces métisses F1. Malheureusement, la plupart des éleveurs de reines partent de ces métisses «sélectionnées » qui peuvent donner de bonnes colonies en première génération, mais une descendance incertaine par la suite. Pour continuer à élever sur cette race d’abeilles, il est donc nécessaire de racheter chaque année de nouvelles reines auprès de l’éleveur.  

APIS MELLIFERA CAUCASICA (CAUCASIENNE OU ABEILLE GRISE)
C’est une abeille de couleur brun-noir avec des bandes grises. Elle est réputée douce et rustique, mais sensible à la nosémose. Son principal défaut est son excès de propolisation, qui devient un gros handicap pour ceux qui, comme moi, travaillent uniquement avec des cadres du type Hoffmann.

APIS MELLIFERA CAUCASICA (CAUCASIENNE OU ABEILLE GRISE) (Crédits Photo : ZEYNEL CEBECI)

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