La propolis de la récolte à l’utilisation


Françoise SAUVAGER lors de la journée technique organisée par le “Syndicat d’Apiculture du Rhône” à Marcy-l’Étoile”

Françoise Sauvager est une spécialiste de la propolis. Elle nous présente les résultats de très nombreux travaux internationaux sur les propriétés de la propolis, mais aussi ses connaissances concernant l’intérêt de la propolis pour les apiculteurs.

La propolis est une substance résineuse, gommeuse, balsamique récoltée par les abeilles sur les bourgeons de certaines plantes ou arbres (peuplier, bouleau, saule, orme, frêne, épicéa, sapin, pin, goyavier, cocotier…), à laquelle elles ajoutent leurs propres sécrétions (salivaires et cire). En France, elle est récoltée essentiellement sur le peuplier (brune).

Pour l’abeille : un ciment

Toutes les abeilles ne propolisent pas de la même façon. Dans l’espèce Apis mellifera : carnica et lamarckii propolisent peu, ligustica et mellifera moyennement (300 g/ruche), caucasica et intermissa beaucoup (1 kg/ruche).
Ce sont les butineuses les plus âgées qui récoltent la propolis, aux heures chaudes de la journée, du printemps à la fin de l’été. L’abeille découpe avec ses mandibules des fragments de résine qu’elle étire comme un fil et qu’elle entasse après l’avoir pétri en boule, dans les corbeilles à pollen.
Dans la ruche, les ouvrières déchargent la butineuse en ramollissant la résine avec leurs sécrétions salivaires, entraînant une maturation organique et en y ajoutant un peu de cire.

Propolis brute

Récolte de la propolis par l’apiculteur

Pour l’abeille la propolis sert à réduire l’entrée de ruche, boucher des fissures, embaumer des cadavres d’intrus, etc.
L’apiculteur récolte la propolis soit par grattage des cadres et corps de ruches, soit en plaçant des grilles (plastique, métal, textile synthétique) sur le dessus des cadres de hausses. La récolte est favorisée si on place la ruche en courant d’air, car les abeilles utilisent cette propolis pour lutter contre ces courants d’air (200 à 300 g/an).
Pour récupérer la propolis, les grilles sont grattées, tandis que les « toiles » sont enroulées et mises au congélateur avant d’être « malaxées » pour détacher la propolis durcie par le froid.

Grille à propolis

Méthodes d’extraction de la propolis

Pour réaliser l’extraction alcoolique, mettre entre 20 et 50 % de propolis en poudre dans l’éthanol. Françoise Sauvager recommande d’utiliser de l’éthanol à 60 ou 70 %, afin d’extraire à la fois la partie soluble dans l’eau et celle soluble dans l’alcool. Laisser macérer trois semaines à l’abri de la lumière en remuant régulièrement, puis filtrer.
On peut aussi extraire à l’eau, mais on n’extrait que la partie hydrosoluble et donc par exemple pas les flavonoïdes. La macération dans l’huile est également possible. L’extraction au CO2 supercritique extrait environ 60 % des flavonoïdes. L’extraction à l’eau subcritique est la méthode qui offre les meilleurs résultats.

Composition chimique de la propolis

La propolis comprend plus de 300 composés. Cette composition varie en fonction de son origine géographique (et donc botanique) : elle est plus riche en flavonoïdes et esters en zone tempérée.
La fraction « divers » comprend notamment les sels minéraux (Mg, Cu, Se, Fe, Ni, Si, Sr, Zn), sous une forme très assimilable. On peut citer notamment le sélénium, utile en cancérologie car il active l’enzyme glutathion-péroxydase qui supprime les radicaux libres.
La propolis verte (issue de Baccharis dracunculifolia) contient 6 à 8% d’artépilline C qui explique son action antitumorale et est utilisée systématiquement dans le cadre des chimiothérapies au Japon.

Composition de la Propolis

Des propriétés thérapeutiques largement démontrées pour la propolis.

Si la composition varie, les propriétés thérapeutiques, elles, sont constantes,
a souligné Françoise Sauvager.
Certaines propolis sont cependant plus ou moins spécifiques de certains usages.

Propriétés antimicrobiennes :

Les flavonoïdes de la propolis empêchent la division bactérienne, inhibent la détection du qorum. La propolis agit en synergie avec la pénicilline et la streptomycine, qui voient ainsi leur action deux fois plus efficace en présence de propolis.
La propolis agit ainsi sur les staphylocoques multirésistants (une expérience à Cuba a mis en œuvre avec succès du « propomiel » sur une surinfection), sur le streptocoque A (responsable des angines), sur les bactéries affectant l’hygiène buccale (sachant que le Porphyromonas responsable de gingivite est aussi retrouvé dans les plaques d’athérome et les plaques liées à la maladie d’Alzeimer), contre les bactéries des gastroentérites, de l’estomac (Helicobacter pylori), de la maladie de Lyme (Borrelia burgdorferi), de l’acné (la teinture appliquée sur le bouton est très efficace)…

Propriétés antivirales

Selon Françoise Sauvager, la propolis est efficace contre les virus de type herpès, notamment contre Herpès viridae, le virus responsable du bouton de fièvre, grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et antivirales.
Efficace aussi sur la varicelle, l’effet anesthésiant de la propolis s’ajoutant à son action antivirale, et la surinfection étant empêchée par l’action antibactérienne, a expliqué Françoise Sauvager, ainsi que contre la mononucléose.
La propolis accélère la guérison des hépatites, agit contre les virus de la grippe par inhibition des neuraminidases, contre les virus des gastroentérites, des infections respiratoires, des verrues et cancer du col de l’utérus.
Même contre le virus du Sida, la propolis montre une action.

Propriétés antifongiques

Le baume de propolis est très efficace contre les mycoses à Candida albicans, a indiqué Françoise Sauvager. Mais aussi contre Aspergillus, trichophyton, etc.

Propriétés antiparasitaires

La propolis agit contre les parasites intestinaux ou vaginaux. En revanche, son action est faible contre les toxoplasmes.

Propriétés cytostatiques

Grâce à ses propriétés cytostatiques, c’est-à-dire qui empêchent le développement des cellules, la propolis possède une action antitumorale très intéressante, ainsi qu’une activité antimétastasique.
Les substances à l’origine de cette activité sont nombreuses : CAPE, artépilline C, chrysine, pinocembrine, quercétine, kaempférol, apigénine, galangine.
Leurs modes d’action sont divers : mort cellulaire par apoptose, inhibition de la synthèse d’ADN, inhibition de l’angiogenèse (qui fabrique des vaisseaux sanguins pour irriguer la tumeur), stimulation des macrophages et des lymphocytes, diminution des radicaux libres…
Ces actions ont été mise en évidence essentiellement in vitro ou chez l’animal : tumeur du pancréas, sarcome murin, carcinome mammaire, tumeur ascitique d’Ehrlich, foie, poumon, prostate, colon, vessie, leucémie…

Propriétés anti-inflammatoires

Ces propriétés ont pu être observées tant au laboratoire que sur des êtres vivants, a souligné Françoise Sauvager, ajoutant que « l’inflammation est le lit du cancer ».

Autres propriétés

– Empêche la glycation.
– Retarde le vieillissement cellulaire (flavonoïdes et polyphénols).
– Anesthésiante (pinocembrine, esters d’acide caféique).
– Activité IMAO.
– Spasmolytique (kaempférol, quercétine).
– Détoxifiante et hépatoprotectrice : la propolis protège notamment en cas de chimiothérapie, alcool, médicament.
– Antidiabétique .
– Immunostimulante.
– Cicatrisante et régénératrice (arginine, proline) : active le cycle de Krebs, active la synthèse de collagène et d’élastine.
– Antioxydante et anti-radicaux libres générés par radiations, médicaments anticancéreux, paracétamol à haute dose… et autres stress .
– Inhibe la perméabilité et la fragilité capillaire et l’agrégation plaquettaire.
– Anabolisante.
–  Antigerminative.

Des indications thérapeutiques multiples et diversifiées

– Dermatologie : mycose, furoncle, herpes, zona, acné, brûlure , plaie, escarre, ulcères variqueux, psoriasis, alopécie, verrue, eczéma…
– ORL et sphère pulmonaire : angine, rhinopharyngite, sinusite, rhinites, otite, bronchite, pneumonie, trachéite, rhume, tuberculose, asthme.
– Stomatologie : stomatite, aphte, gingivite, glossite (inflammation de la langue), abcès, muguet, caries, alvéolite, mauvaise haleine.
– Sphère urogénitale : vaginite, adénome de la prostate, cystite, néphrite, dysménorrhée, cancer du col utérin.

– Cancérologie : effet chimioprotecteur, effet radioprotecteur, activateur des médiateurs de l’immunité, anti-inflammatoire, antiradicaux libres, anti-angiogène, anti-infectieux, stimule la régénération cellulaire.
Son utilisation en cancérologie permet ainsi de mieux supporter la chimio (globules rouge normalisés, globules blancs moins diminués après 1 mois).
Elle agit en synergie avec les traitements classiques. Sa prise seule augmente la qualité de vie des malades par son pouvoir antioxydant et immunostimulant : moins de douleurs et de fatigue, meilleur appétit. La période de survie est ainsi plus longue que prévue.
La prise quotidienne de propolis aurait un pouvoir inhibiteur face à certains cancers.
Françoise Sauvager a personnellement eu recours à la propolis pour soigner un cancer. Elle se déclare très satisfaite des résultats du protocole utilisé sur elle-même, et prête à le partager avec qui lui demandera.

– Sphère cardiovasculaire : hypertension artérielle, hypercholestérolémie, tonifie vaisseaux sanguins
– Rhumatologie : polyarthrite, spondylarthrite, tendinite
Sphère gastro-entérologique : colite, gastrite, rectocolite hémorragique, ulcère, cholécystite, constipation, hépatite, diverticulose intestinale
Ophtalmologie : conjonctivite, blépharite, kératite, orgelet, ulcère cornéen, DMLA.
Sphère neuro-psychique : Parkinson (CAPE bloque l’apoptose et les radicaux libres), sclérose en plaques, dépression. Diminue la dépendance à l’alcool et au tabac. Protège les neurones intoxiqués par glutamate, prévient l’atteinte du cerveau lors d’hypoxie ischémique (asphyxie des cellules par défaut circulatoire) dans l’encéphalopathie néonatale.
Maladie d’Alzheimer : la pinocembrine inhibe le dysfonctionnement des mitochondries, inhibe l’apoptose, protège contre la neurotoxicité des plaques amyloïdes.

Commercialiser la propolis

Compte tenu de ses innombrables propriétés thérapeutiques, la propolis est un produit recherché. La demande des laboratoires est en augmentation, et la récolte de propolis en France mériterait d’être développée et pourrait constituer une ressource pour les apiculteurs.
Les cahiers de charges des laboratoires sont variables (propolis de grille ou non , lieux de récolte, etc).
Mais dans tous les cas, les modes de récolte et d’extraction doivent s’effectuer dans des conditions d’hygiène irréprochables et satisfaire aux recommandations du guide des bonnes pratiques apicoles (ITSAP).
La traçabilité permet une identification précise de la marchandise. Elle précise :
• Code producteur
• Type de grille
• Date de pose et de retrait des grilles
• Date et type de traitement effectués
• Poids net
• Certificat agriculture biologique en cours de validation (pour les qualifications AB)

Par la suite, l’acheteur de propolis réalise diverses analyses de contrôle : recherche de métaux lourds, recherche de pesticides, impuretés, pollen, proportion de cire, présence d’amitraze (traitement anti-varroa), etc.
Pour ce qui concerne la vente directe, Françoise Sauvager estime que la vente directe de propolis brute par les apiculteurs est possible.
Pour la propolis transformée, en revanche, il convient de s ‘adresser à la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) pour connaître la législation.

Utilisation par l’homme pour les abeilles

Un sirop de propolis aurait une efficacité contre la loque américaine (voire contre varroa).

Préparer une teinture de propolis .
Diluer 100 ml de cette teinture dans 1 litre de sirop.
Introduire dans les ruches par égouttement (Langstroth : 50 ml pour 1 corps, 25 ml pour une ruchette et 100 ml pour une ruche sur 2 corps, 3 fois, à 1 semaine d’intervalle ; Dadant 60 à 65 ml pour une 10 cadres, 72 à 78 ml pour une 12 cadres)
Remarques : stimulerait la ponte de la reine mais à plus forte dose l’inhiberait.

Quelques recettes à base de propolis

Préparation d’une teinture de propolis

– Récolter la propolis à partir des grilles à propolis (propolis de l’année)
– Mettre les copeaux de propolis au froid (réfrigérateur ou congélateur) avant de les pulvériser dans un moulin à café.
– Mettre à macérer dans l’éthanol à 70° (ou alcool fort : calva, vodka, cognac, armagnac…) à raison de 20 g de propolis (ou plus) pour 100 ml d’alcool
– Laisser macérer 3 semaines en agitant régulièrement
– Filtrer
– Conserver la teinture à l’abri de la lumière (flacon ambré, conservation 3 ans).

Pour faire prendre cette propolis par des enfants, Françoise Sauvager conseille d’en verser quelques gouttes sur un biscuit et de laisser évaporer l’alcool avant de le donner à l’enfant.

Pommade à la propolis

Matériel et ingrédients :
– 2 g de teinture mère de propolis (60 gouttes)
– 2 g de lanoline
– 16 g de vaseline
– 1 pot plastique de 30 g
– 1 spatule

Peser la teinture puis la lanoline puis la vaseline dans le pot et mélanger doucement avec la spatule.
Étiqueter en précisant le nom du mélange et la date de fabrication.
Conserver dans un endroit frais à l’abri de la lumière.

Pommade à la propolis – beurre de karité – huile de coco

Ingrédients :
– 0,5 g de teinture de propolis (15 gouttes)
– 10 g de beurre de karité
– 10 g d’huile de coco
– 4 g d’huile d’amande douce

Peser le beurre de karité, l’huile de coco et l’huile d’amande, mettre deux minutes au bain-marie (40°C) jusqu’à liquéfaction, puis ajouter la teinture, mélanger, étiqueter (nom du mélange et date de fabrication) et conserver dans un endroit frais à l’abri de la lumière.

Pommade à la propolis et à la cire d’abeille

Ingrédients :
– 45 g de cire d’abeille
– 30 ml de teinture de propolis
– 25 ml d’huile (olive, amande douce, argan… au choix)

Fondre la cire au bain-marie (70°C), ajouter l’huile, mélanger puis ajouter la teinture, mélanger.
Étiqueter en précisant le nom du mélange et la date. Conserver dans un endroit frais à l’abri de la lumière.

Propomiel à usage externe

Matériel :
– 2 g de teinture mère de propolis
– 100 g de miel
– 1 pot de 125 g en verre.

Peser la teinture de propolis puis le miel dans le pot et mélanger doucement.
Étiqueter en précisant le nom du mélange et la date.
Conserver dans un endroit frais à l’abri de la lumière.

Compte rendu réalisé par Laurence MOUQUET


Journée technique du 4 février 2017
Quatre conférences ont passionné les apiculteurs…

Conférence de M. Jean-Marc BONMATIN, Docteur en chimie-physique au CNRS d’Orléans. : “Sonnette d’alarme sur les effets nocifs des pesticides systémiques sur la biodiversité.”
Conférence de M. Jacques KEMP, administrateur à l’UNAF et apiculteur :”L’élevage autrement”.
Conférence de M. Bernard SAUVAGER : “L’insémination instrumentale des reines d’abeilles”.
Conférence de Mme Françoise SAUVAGER pharmacienne et Maître de conférence : “La propolis”.

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